Avez-vous soif ?

Rien n’y fait.

La banque centrale européenne augmente sans cesse les disponibilités qu’elle met sur le marché, afin d’inciter les entreprises et les ménages à investir et à dépenser.

L’Etat, de son côté, ne cesse d’augmenter sa dette pour financer des contrats aidés, des subventions pour les jeunes, des baisses de charges…sans oublier une multitude de niches fiscales. Et le chômage continue de croître. Et la croissance n’est toujours pas là. Pourquoi ?

Parce que nous oublions trop souvent la dimension psychologique du marché. En effet, celui-ci ne répond, ni à la théorie classique qui considère que « l’homo-economicus » est un être rationnel, ni à la théorie keynésienne affirmant que plus de dépenses publiques apporte plus de croissance, ni aux théories plus consuméristes professant que l’individu est toujours en attente, de consommation ou bien encore d‘investissement.

Souvenons-nous de ce vieil adage, remis au goût du jour par Raymond Barre : « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif » et demandons-nous pourquoi les Français n’ont pas soif. Si l’on considère que le marché c’est très simplement le lieu de rencontre des intérêts communs, il faut en déduire qu’il y a une absence d’intérêts communs à échanger. En effet :

- Pourquoi investirai-je dans mon entreprise, si je ne crois pas en l’avenir ?

- Pourquoi embaucherai-je, si je perçois mal l’évolution de mon marché ou si je crains que les règles sociales et fiscales changent ?

- Pourquoi consommerai-je aujourd’hui, si je pense que les prix vont baisser ?

- Pourquoi emprunterai-je pour acquérir tel ou tel bien si je doute de mon revenu futur ?

Bref, il faut avoir soif, avoir envie d’avenir, pour que la machine économique fonctionne. Il faut avoir confiance en soi, dans les autres, dans les responsables économiques et politiques, dans l’Europe, dans la mondialisation, dans les nouvelles technologies, dans l’avenir…

Il faut avoir soif, avoir faim, avoir de l’appétit, ce que nous donnent traditionnellement le fumet des bonnes choses qui cuisent, le souvenir d’une dégustation heureuse, la découverte d’une recette inédite ?

Où sont actuellement pour les Français ces souvenirs, fumets et découvertes ?